MERCI AUX EDITIONS VENTS D’AILLEURS
ET A SAYOUBA TRAORE
POUR CETTE DERNIERE NOUVELLE DE LA FRANCAFRIQUE
Ce texte de Sayouba TRAORE nous renvoie à un autre texte sur le symbole (en breton : on disait "ar vioc’h" - la vache) de Per Jakes Hélias dans le Cheval D’Orgueil paru en 1974 aux éditions PLON collection Terre Humaine :
« Le tout n’est pas d’avoir été puni à l’école pour avoir parlé breton : une seconde punition attendait les enfants coupables de "bretonner", à leur retour à la maison.
Les parents, qui ne savaient pas toujours eux-mêmes le français, considéraient en effet qu’ils faisaient alors "le sacrifice d’envoyer leurs enfants à l’école pour apprendre le français oral ou écrit alors qu’ils en ont souvent besoin à la maison pour garder les vaches ou les frères et sœurs. Le travail des petits est donc de s’appliquer au français. En parlant breton, ils boudent ce travail, ils rechignent à la peine, ils s’amusent. Que mérite quelqu’un qui s’amuse au lieu de travailler, s’il vous plaît ? Une bonne correction, pour lui apprendre à vivre... »
— Pierre-Jakez Hélias, Le cheval d’Orgueil, page 213
Les deux pages de textes en breton concernant le symbole "ar vuoc’h" sont disponibles à la fin de l’article ainsi que la traduction en français.
Le texte du poème de Paol KEINEG :
Il est défendu de cracher par terre et de parler breton
Muzelloù ha daoulagad gomet
Eskern an dremm tarzhet
Gwadegoù yen er gwazhied
Gwriziennoù ar bizied troc’het
Spern-gwenn goeñvet hon alan
Il est défendu de cracher par terre et de parler breton
Hor pobl ur bugel
Kemmesk ha tamolodet
Oc’h en em gwarediñ gant pleg e ilin
A-enep ar sizailhoù ar gontili kleret
A zidamma hag imbouda
Il est défendu de cracher par terre et de parler breton
Lazhadeg bugale torret
Er beureigoù du
Empennoù nevez livnet ha rabotet
Tog-biñs ar spont war ar genoù o tevel
Bouzelloù gweet skourjezet gant nadozioù ha skilfoù
Il est défendu de cracher par terre et de parler breton
Berzet o deus an hunvre hag ar gwirvoud
Dindan o urzh doñjerus
Lakaet o deus warnomp ur c’houllo divent
Gedal a reomp kuzhet er morfont
Brazezet gant o zorfed diniver
Brazezet gant stourmadenn hor pobl
PAOL KEINEG ( P.J. Oswald, 1971)
Et la traduction en français :
Il est défendu de cracher par terre et de parler Breton
Lèvres et yeux gommés
Os de la face éclatés
Gisements de sang froid dans les veines
Racines des doigts tranchées
Aubépine fanée de notre haleine
Il est défendu de cracher par terre et de parler breton
Notre peuple un enfant
Confus recroquevillé
Qui se protège du bras
Contre les ciseaux les couteaux glacés
Qui découpent et qui greffent
Il est défendu de cracher par terre et de parler breton
Hécatombe d’enfants cassés
Dans les petits matins noirs
Cerveaux neufs limés et rabotés
L’écrou de la peur sur les bouches qui se taisent
Entrailles tordues fouaillées d’aiguilles et de griffes
Il est défendu de cracher par terre et de parler breton
Ils ont interdit le rêve et le réel
Sous leur ordre nauséabond
Ils nous ont imposé un vide immense
Nous guettons enfouis dans la vase
Gros de leur crime innombrable
Gros de l’insurrection de notre peuple
PAOL KEINEG (EDITIONS P.J. Oswald, 1971 )
et aussi un autre poème d’Angèle JACQ
Aet eo ar yezh war he diribin
Aet eo ar c’homzoù kreñv
War hent fall an dispriz
Mouskomzet dre urzh krenn
Aet eo ar vrezhonegerienn
War hentoù fall ha striz...
Rostañ gant ar vezh
O tisplegañ ar yezh !
La langue s’en est allée sur sa pente descendante
Et s’en sont allés les mots puissants
Sur le chemin mauvais du mépris,
Murmurés, par ordre et défense !
Et s’en sont allés les bretonnants
Sur les chemins mauvais,
Etranglés... Rouges de honte
Lorsqu’ils parlaient leur langue !
Angèle JACQ, Ma langue au chat, éditions PALEMON 2003
VOICI D’AUTRES LIVRES DE SAYOUBA TRAORE
PUBLIES PAR LES EDITIONS VENTS D’AILLEURS
Voici le texte en breton extrait du livre de Per Jakes HELIAS "Marh al lorh" (Le Cheval d’Orgueil) pages 207 à 210
Traduction en français à la suite . . .
Traduction en français