Les sections Ile de France et Bretagne-Manche-Atlantique de l’AFEPS ont conduit, en mars 2011, une mission de douze jours en Centre Vietnam pour assurer une formation en médecine de plongée et en secourisme adapté à la plongée au profit de cadres médicaux (médecins et infirmiers) et des pêcheurs-plongeurs.
Le but est de prévenir les accidents de plongée et de mettre en place une chaine efficace de prise en charge, du bateau à l’hôpital, en cas d’accident.
Cette formation a été assurée principalement par 6 médecins de l’Afeps(3 vietnamiens et 3 français, spécialistes de la plongée et à l’origine de la technique de RTI ) et 2 formateurs en plongée et en secourisme adapté à la plongée. Un interprète accompagnait la mission.
La mission s’est déroulée en deux phases.
La première à NHA TRANG (14 au 19 mars) consistait en une formation de cadres médicaux (de l’hôpital de rééducation de NHA TRANG, de l’Institut Pasteur et de la Croix Rouge). Avec les cadres formés nous avons ensuite formé 18 plongeurs secouristes issus de trois villages (6 de NINH VAN, 6 de VINH NGUYEN, 4 de PHUOC DONG et 2 de la Croix Rouge).
Nous avons pu, aussi, nous rendre dans le village de NINH VAN pour une réunion en présence de 10 pêcheurs-plongeurs formés à la RTI en 2009 et nous les avons interrogés chacun à tour de rôle sur leur façon de plonger et les problèmes rencontrés depuis 2009.
Nous pouvons être assez satisfaits des résultats obtenus. La pratique de la pêche a évolué depuis 2009 : profondeurs modérées entre 20 et 30 mètres, 3 à 4 plongées par jour au maximum. De ce fait, peu d’accidents ont été observés depuis 2009.
En dehors de cette formation, nous avons pris contact avec un club de plongée dont le responsable, se montre intéressé par une formation de cadres de plongée par l’association « Plongeurs du Monde » dans le cadre d’une reconversion de certains pêcheurs-plongeurs.
Nous avons aussi rencontré un ingénieur en biologie marine, spécialiste reconnu mondialement de la « Bêche-de-mer » une holothurie très prisée dans le commerce. La région de KHANH HOA possède une écloserie. Cet ingénieur qui dépend du Ministère de l’agriculture peut faire des évaluations de possibilité d’élevage dans les villages des pêcheurs plongeurs et les aider éventuellement à mettre en place ces élevages.
Nous avons eu aussi un contact avec une organisation francophone qui travaille surtout dans le domaine de l’éducation.
Dans un deuxième temps, nous nous sommes rendus à LY SON (21mars) où en 2009 nous avions formé des plongeurs secouristes. Nous avons pu rencontrer 15 de ces plongeurs formés et les résultats obtenus sont, là encore, assez satisfaisants.
Constat général : les accidents de plongée ont diminué depuis la venue de l’Afeps en 2009, les plongées profondes dans la zone des 50-60 mètres sont moins fréquentes, et les plongeurs appliquent les consignes de vitesse de remontée lente et de réalisations de paliers proches de la surface.
Les autorités, comme les pêcheurs plongeurs, seraient favorables à une reconversion des jeunes plongeurs vers une formation à l’encadrement de la plongée récréative à développer autour de l’île (sans doute l’un des plus beaux sites de plongée du Vietnam entre les mois de juin et septembre).
Il semble également indispensable d’inclure dans la formation des notions simples d’écologie et de préservation du milieu marin, afin de maintenir l’attractivité des sites de plongée au niveau des plateaux coralliens, en expliquant les dégâts engendrés par l’emploi de la dynamite et surtout de limiter la sur-pêche dans certaines zones afin d’éviter la disparition d’espèces.
À HA NOI, nous avons eu une rencontre avec le responsable du PACCOM pour l’Europe qui nous a donné des renseignements importants sur la circulation de l’information dans les Comités Populaires des régions.
Nous avons aussi rencontré un chargé de mission à l’Ambassade de France qui nous a proposé son aide pour résoudre divers problèmes que nous avons rencontrés (recherche de financement pour concrétiser la reconversion des pêcheurs plongeurs vers des élevages d’holothuries ou de poissons de corail, éventuellement à partir du traitement des eaux usées).
Nous avons rencontré aussi le président et le secrétaire de l’Association Amitiés Vietnam France qui, lors de ces échanges, nous font partager leur culture et leur savoir.
CONCLUSIONS :
Le nombre de décès et de patients paralysés a considérablement diminué depuis 2009. Les pêcheurs-plongeurs ont tendance à plonger moins profond et à réaliser plus de paliers de décompression.
L’application de la procédure du protocole de RTI est globalement conforme aux recommandations données, y compris lorsque les pêcheurs-plongeurs réalisent la RTI à l’air (autour de 10 m). Ils ont en effet abandonné la pratique dangereuse de ré-immersions profondes à l’air (zone des 30 m) comme auparavant.
A l’issue de cette dernière mission,nous pouvons penser maintenant que trois équipes vietnamiennes sont capables de former des plongeurs secouristes :
L’équipe de l’hôpital de rééducation de Nha Trang, sous la responsabilité du médecin directeur adjoint de l’hôpital.
L’équipe de l’Institut Pasteur de Nha Trang avec l’aide de la Croix Rouge locale,
Le VINIMAM de HAI PHONG sous la responsabilité d’un des médecins formés à l’hôpital de la Cavale Blanche de Brest
Il serait très important, pour nous, et pour ces équipes, que nous puissions suivre ces formations et que nous puissions en avoir les comptes rendus . Les échanges entre l’AFEPS et ces trois structures pourraient permettre un « recyclage » permanent.
Nous avons convenu qu’un « séminaire bilan » serait organisé début 2013.
La reconversion des pêcheurs plongeurs a été évoquée et demandée par les personnes que nous avons rencontrées.
Une étude sera donc réalisée en octobre 2011 avec l’association « Plongeurs du Monde » : le but sera donc de former des encadrants de plongée récréative parmi les jeunes pêcheurs plongeurs des quatre sites où nous avons travaillé.
Cette mission conduite par les sections de Bretagne et d’Ile de France de l’Afeps tentera aussi de faire des propositions sur les différentes pistes de reconversion : élevage d’holothuries, tourisme solidaire, centre permanent de formation etc...
